Salut à toi noble Voy(ag)eur

Et bienvenue dans cette bibliothèque, havre de guerre et de psychose, dans une toile aseptisée laissant malheureusement si peu de place à la folie ou à la mort.

Eh bien installe toi bien inconfortablement, tu es entre de bonnes mains. Bien sûr le lieu est encore un peu vide, mais fais moi confiance, d'ici peu tu louera ce moment béni ou tant d'hérésies t-étaient encore étrangère.

Mes armes : Des livres qui posent le plus souvent plus de questions qu’ils ne donnent de réponses, des écrits naviguant entre génie et folie, des œuvres parfois à tort méconnues ou oubliées, mais dont le ton est toujours à l’opposée de cette monoculture de masse volontiers futile et volontairement abrutissante.

Mon objectif : faire découvrir à ton cerveau, inexorablement engourdi par les dictats d'un monde aseptisé, les merveilles de la névrose, l'esthétique du pire, ou le vertige que procure la vue de l'infini. Appelle celà Alter Philosophie ou Vile Prétention, comme bon te semble, mais si le coeur t-en dis, viens trouver ici le futur carburant de tes réflexions enfin dés-abusées.

Bonne lecture, et souviens toi que les mots sont omnipotents, car ils agissent sur la seule chose qui compte réellement à tes yeux : TOI.

dimanche 15 juin 2008

Choke par Chuck PALAHNIUK

Incipit :
Si vous avez l'intention de lire ceci, n'en faites rien, ne vous donnez pas cette peine.
Au bout de quelques pages, vous n'aurez plus aucune envie de vous trouver là ou vous serez. Alors oubliez. Allez-vous-en, tant que vous êtes encore intact, en un seul morceau.
Soyez votre propre sauveur.
Il doit bien y avoir mieux à la télévision. Ou alors, dans la mesure ou vous disposez de tellement de temps libre, vous pourriez peut-être prendre des cours du soir. Devenir médecin. Vous pourriez faire quelque chose de votre vie. Vous offrir une sortie, aller au restaurant. Vous teindre les cheveux.
Vous ne rajeunissez pas.
Au départ, vous allez faire la gueule devant ce qui se passe ici. Ensuite ça ne fait qu'empirer.

Morceaux choisis :
Les drogues, la boulimie, l'alcool ou le sexe, tout ça, ce n'était qu'une autre manière de trouver la paix. Pour échapper à ce que nous savons. A notre éducation. Notre morceau de pomme croquée.

Les gens travaillaient depuis tant et tant d'années pour faire du monde un lieu sûr et organisé. Personne ne se rendait compte à quel point ce monde allait devenir ennuyeux. Avec le monde dans son entier envahi de propriétés privées, limité en vitesse, parcellé et délimité, taxé et régulé, avec tout un chacun testé et enregistré, adressé et archivé. Plus personne n'avait de place à vrai dire pour l'aventure, excepté peut-être celle qui pouvait s'acheter. Sur un manège de montagnes russes. Au cinéma. Malgré tout, ce ne serait toujours que cette variante là de fausse excitation. Vous savez pertinemment que les dinosaures ne vont pas dévorer les gamins. Les publics-témoins ont mis en minorité tout risque de désastre majeur même quand c'est du faux. Et parce qu'il n'existe aucune possibilité de réel désastre, de réel risque, il ne nous reste aucune chance de réelle rédemption. De réelle exultation. De réelle exultation, de joie, de découverte. D'invention.
Les lois qui nous maintiennent en toute sécurité, ces mêmes lois nous condamnent à l'ennui.
Sans accès possible au véritable chaos, nous n'aurons jamais de véritable paix.
A moins que tout ne puisse empirer, ça ne va pas s'améliorer.

On démarre par la veuve poignet et on progresse jusqu'aux orgies. On fume un peu de came, et ensuite c'est la grande H. Tout ça, c'est notre culture du plus gros, du plus grand, du meilleur, du plus rapide, du plus fort. Le mot clé est progrès.
En Amérique, si votre addiction n'est pas toujours nouvelle et améliorée, vous êtes un raté.

Vous connaissez cette vieille expression : "Ceux qui ne se souviennent pas de leur passé sont condamnés à le répéter" ? Eh bien, moi, je pense que ceux qui se souviennent de leur passé sont dans une situation encore bien pire.

Quand vous êtes drogué, vous pouvez vous abstenir de ressentir quoi que ce soit, hormis l'ivresse, la défonce ou la faim. Malgré tout, quand vous comparez ça à d'autres sentiments, à la tristesse, la colère, la peur, le souci, le désespoir et la dépression, eh bien l'addiction ne vous parait plus aussi méchante que ça. Elle se prend à ressembler à une option tout à fait viable.

Quelle raison y a-t-il pour que je fasse quoi que ce soit ? dit-elle. J'ai suffisamment fait d'études pour me dissuader par le discours de participer à n'importe quel plan d'action. Pour déconstruire n'importe quel fantasme. Pour expliquer n'importe quelle finalité. Je suis tellement intelligente que je suis capable de nier la réalité de n'importe quel rêve.

J'ai passé ma vie à attaquer tout et n'importe quoi parce que le risque de créer quelque chose me faisait bien trop peur...

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